Avait 1591.                               141
Le curé de Saint-André nous mena en procession à Saint-Jacques de la Boucherie, après avoir esté préa­lablement admonestés de la fin et vrai usage de ceste procession, qui estoit de prier M. saint Jacques le bon saint de vouloir donner de son bourdon sur la teste à cc diable de Beaunois, et de l'ecrazer devant tout le monde.
Un seul, Chavagnac, curé de Saint-Supplice à Paris, preschant ce jour en sa paroisse, ne recommanda ne Chartres ne sa Nostre Dame, ne son u; ains pnescha plus librement qu'il n'avoit encores fait, combien qu'il fust fort menasse, et que les politiques eussent à se gar­der, pour les mauvais bruits qui couraient. Entre autres choses il dit qu'on lui avoit reproché qu'il ne crioit plus contre les heretiques : ce qui estoit vrai, pour ce qu'il n'en voioit plus ni n'en connoissoit ; et quand il en avoit sceu quelques-uns, il ne s'y estoit espargné, selon le deu de sa charge. Mais qu'aujourd'hui il ne voyoit ni n'oyoit parler que de larrons qui contrefai-soient bien à la verité les bons catholiques et les zélés: mais toute leur religion et leur zele n'estoit qu'à voler et brigander; et que par les fruicts on pouvoit juger de tels arbres, qui estoient secs et ne valoient rien qu'à brusler; qu'il sçavoit qu'il venoit prou d'escumeurs à son sermon, et mesmes en voiioit devant sa chaire : mais que pour cela il ne lairroit à dire la verité. Puis re­tombant sur le propos des heretiques, dit ouvertement que celui n'estoit heretique qui demandoit d'estre ins­truit , ains plustost ceux Festoient qui lui refusoient l'instruccion : ce qu'il prouveroit tousjours, tant par l'Escriture sainte que par les canons et anciens con­ciles qui avoient esté tenus. Ceste proposition offensa
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